Zoom et Moodle : grands gagnants du confinement. Et les autres ?
Suite à notre série d’articles sur l’analyse de l’offre de formation CPF, vous avez été nombreux à nous interroger sur la demande en formations. A ce jour, faute de politique opendata, impossible d’obtenir les données sur les demandes de formations par les particuliers sur MonCompteFormation…
En se creusant la tête avec l’équipe, nous avons eu une idée. Pourquoi ne pas explorer la source la plus évidente sur ce que les particuliers veulent (et donc cherchent) : le moteur de recherche Google. Après tout, les particuliers ne connaissent pas encore tous MonCompteFormation et s’ils cherchent à se former, il est très probable qu’à un moment ou un autre, ils passent par ce bon vieux Google.
Dans cette série d’articles qui s’étalera en 3 ou 4 parties, nous allons donc partager avec vous nos analyses des évolutions des termes recherchés sur Google, et plus particulièrement ceux en rapport avec le monde de l’éducation et de la formation pro.
Dans ce premier article, nous nous concentrons sur les recherches Google associés aux principaux outils visio et LMS en France sur les 5 dernières années et avec un focus sur les 6 derniers mois.
Le récent épisode de confinement a bousculé le monde de l’éducation et de la formation pro qui reste encore majoritairement basé sur un modèle en présentiel pur. Pour la majorité donc, les outils visio et LMS ne faisaient pas vraiment parti de leur quotidien et/ou de leurs pratiques pédagogiques.
Qui n’a pas utilisé, ou à minima entendu parler, de zoom ou moodle ? Comme vous allez le voir, pour certains de ces outils les choses ont plus changées en 6 mois qu’en 5 ans…
Commençons par les outils Visio
On commence par les outils de visio. Il y a 5 ans, quand on parlait de visioconférence, le premier outil qui venait à l’esprit était le fameux skype. Depuis, ce mot-clé a subit une lente diminution dans les recherches que seul le récent épisode de confinement a ravivé, établissant par la même occasion son nouveau record de recherches journalières en France autour du 17 mars (date du démarrage du confinement en France). Pour info le précédent record de recherche skype remontait à septembre 2015, lorsqu’un important bug avait rendu l’application massivement inaccessible aux utilisateurs.
En comparaison les autres outils de visio avaient des volumes de recherches bien moindres sur les 5 dernières années. Seul zoom montrait déjà une progression des recherches depuis 2019.
Puis le confinement est arrivé…
Si on regarde plus en détails sur les 6 derniers mois, on s’aperçoit du bond impressionnant de zoom qui vient dépasser le pic de recherche de skype quelques jours après celui-ci. Comme si, à l’annonce du confinement, les gens s’étaient dans l’urgence souvenu de skype, cet ancien outil légérement tombé en désuétude, mais qui ferait tout de même l’affaire pour leur besoin immédiat d’un outil de visioconférence.
Puis quelques jours après, le bouche à oreille et les recommendations faisant effets, les gens ont cherché à en savoir plus sur zoom, ce nouvel outil dont tout le monde parle avec des arrières plans rigolos et customisables.
Au milieu de tout celà, Microsoft, anticipant sans doute la montée en puissance du télétravail, se repositionne sur ce marché en remarketant sa version pro skype for business en une nouvelle application astucieusement (?) nommée teams.
On note que les volumes de recherches pour zoom et teams se maintiennent mieux dans le temps que ceux de skype qui reviennent en quelques mois à leur niveau pré-confinement.
Dans une moindre mesure, on observe également une augmentation des recherches pour les deux solutions de visio de Google, meet et hangout. A noter qu’aux US, meet est bien plus populaire que skype même si loin (vraiment loin) derrière le vainqueur mondial : zoom. Je ne peux pas m’empêcher de m’interroger sur le (non)sens pour Google de maintenir en parallèle deux applications de visio ? Ils ont certainement leurs raisons mais ça ressemble fortement à un cas de self-cannibalisation car la différenciation entre meet et hangout est faible, contrairement à skype et teams qui appartiennent pourtant tous les deux à Microsoft. Bref, un marché controlé par 3 acteurs…
Passons maintenant aux LMS
Les LMS il y en a pleins. D’ailleurs si le sujet vous intéresse ou si vous vous demandez lequel correspondrait le mieux à votre besoin, je vous recommande fortement de télécharger l’étude comparative des LMS en 2020, réalisée par la FFFOD. Très détaillée et instructive.
Pour savoir quels LMS analyser, on a commencé par évaluer leur volume de recherches relative sur 5 ans. Pas de surprise ici non plus, moodle sort en vainqueur avec 3,7 fois plus de recherches que les LMS suivants du classement : canvas et itslearning.
Si on regarde l’évolution des volumes de recherche sur 5 ans pour le top 5 des LMS, on observe une cyclicité très intéressante pour moodle, itslearning, dokeos et claroline. Ces variations cycliques semblent coller aux périodes scolaires : pic à la rentrée en septembre puis diminution jusqu’au point mort en août. Typiquement français, n’est ce pas ? 😄
On n’observe pas réellement de variation saisonnière pour canvas, mais je tiens à mentionner que canva (sans s) est également le nom d’une application de retouche photo relativement populaire. Il y a donc probablement une superposition des recherches sur le terme canvas.
Sur les 6 derniers mois, on s’aperçoit que moodle et itslearning présentent les pics les plus importants de recherches au lendemain de l’annonce du confinement en France par le gouvernement.
Parmi les LMS en positions 6 à 10 du classement, syfadis enregistre un belle augmentation de recherches à partir de mars. Pour les autres, les variations en dents de scie rendent difficiles de tirer des conclusions.
Parmi les LMS en positions 11 à 15 du classement, on observe des volumes de recherches particulièrement bas pour crossknowledge en comparaison avec les années précédentes. A l’inverse, on note une progression de 360learning dans les recherches par rapport aux années précédentes.
On termine avec les LMS en positions 16 à 20, difficiles à analyser car à ce niveau les volumes de recherches sont tellement faibles que leur portée statistique est discutable.
On peut tout de même noter que learndash présente un volume de recherches qui peut paraître étonnament bas par rapport à sa notoriété. Cela pourrait s’expliquer par le fait que ce soit un plugin WordPress et donc, potentiellement, directement recherché via le module d’ajout de plugin de WordPress au lieu de Google.
Ce biais s’applique d’ailleurs à d’autres LMS du classement qui pourraient être plus populaires en réalité ou avoir plus d’utilisateurs que ce qu’indique le classement en terme de volume de recherche.